Plus de 200 professionnels de la montagne ont participé au SkiDebrief, organisé les 24 et 25 avril à Val d’Isère par l’Union sport & cycle, pour tirer le bilan et les perspectives du marché des sports d’hiver, au terme d’une saison éprouvante mais non dénuée d’espoirs.
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Malgré un démarrage pénalisé – pour la troisième année de suite – par un noël sans neige, la montagne française devrait boucler l’ensemble de saison d’hiver 2016-17 sur une fréquentation en légère augmentation : autour de +1%, selon les derniers chiffres de l’Observatoire des stations de montagne ANMSM-Atout France.« Nous étions en baisse de chiffre d’affaires de 20% en janvier mais petit à petit, nous avons rattrapé notre retard, si bien que vers le 15 mars, nous étions étale. Puis la douceur a sévi et nous avons repris un peu de retard. Février a permis de le rattraper et les vacances de Pâques se sont passées dans de bonnes conditions, grâce au calendrier scolaire qui est devenu favorable depuis deux ans », a relaté Pierre Lestas, président de Domaines skiables de France (DSF). Résultat : une baisse du nombre de journées-skieur de 3% sur l’ensemble de la saison, avec de fortes variations selon les massifs et les stations, selon DSF. Dans les Ecoles du ski français, l’évolution du chiffre d’affaires se situe entre -3% et 0%. La fréquentation des sites de ski nordique est en baisse de 5% par rapport à la saison dernière et de 15% par rapport à la moyenne des quatre dernières saisons. « Généralement situés en moyenne montagne, nous sommes un peu les sentinelles du réchauffement climatique », explique Thierry Gamot, le président de Nordic France, précisant que les quelques sites équipés en neige de culture s’en sortent le mieux.
Des magasins condamnés à l’offensive
Dans ce contexte, les magasins de ski ont vécu une saison mitigée, à des dégrées variables selon l’altitude et la « garantie neige » dont a bénéficié ou non leur station. Selon l’Union sport & cycle, les ventes d’articles de sport sont en recul de 5 à 12 %, tandis que les locations se maintiennent difficilement, entre -3% et -5%. « Donner des chiffres est globalisant : seul importe l’amour et la passion pour nos stations et les sports d’hiver, a relativisé Gérard Mattis, président de la commission Montagne de l’Union sport & cycle. Certains ont retroussé les manches et en deux mois ont réussi à faire la saison, comme en Haute-Savoie. Il faut garder à l’esprit que nos tarifs de location ont baissé de 25 % depuis pratiquement dix ans. Nous restons positifs et offensifs. » Confirmation de Stéphane Solinski, le directeur général de Sport 2000, qui fait le constat d’un « bilan positif avec quelques questions en suspens. Dans la vente, il va falloir plus accompagner nos magasins. »
Des actions marketing à amplifier
Si la montagne a tenu le choc, c’est en partie grâce aux investissements « très orientés neige de culture, qui se sont maintenus à un niveau globalement stables, mais aussi à la formidable mobilisation des acteurs de la montagne », a souligné Michel Rouault, directeur des entreprises de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes. Outre le travail de la neige, l’adaptation des offres a commencé à faire son office et devra être amplifiée. « Il faut engager des actions marketing et développer les courts séjours, un vrai levier de développement économique », réclame Pierre Lestas (DSF). Idem pour le travail collectif sur l’entrée de saison, initié quasi-spontanément cet hiver : « Nous lancerons l’an prochain une opération Noël, c’est magique collective, comme pour le Printemps du ski », a annoncé Jean-Marc Silva, tandis que Jean-Luc Boch, le nouveau président de France Montagnes, déclarait : « Nous devons parler d’une seule voix sur l’intégralité des massifs français. La concurrence étrangère est très vive, plus on arrivera à communiquer collectivement plus les stations petites ou grandes parviendront à faire venir des touristes nombreux. Pour que la montagne soit magique, les acteurs doivent être capable d’accueillir les touristes dignement, correctement et pour longtemps. »
Relancer les classes de neige
Sur le long terme, s’ouvre un vrai chantier, celui du renouvellement des générations et plus particulièrement de l’initiation au ski. Avec Génération Montagne, Auvergne Rhône-Alpes Tourisme s’attaque au déclin des classes de neige : « En 2015-16, 15 centres d’hébergements ont fermé dans les massifs alpins : la décrue se stabilise mais l’érosion se poursuit. Les maires peuvent donner les moyens aux gestionnaires des centres de rénover, avec l’aide des département et, pourquoi pas, des régions », plaide Annick Cressens, coprésidente de Génération Montagne. En Suisse, l’association GoSnow a créé une site internet pour « faciliter l’organisation des voyages en quelques clics », explique Pierre Pfefferle, directeur du programme. Il a emmené à la montagne 1000 élèves la première année, 2000 la deuxième, pour un prix moyen de séjour d’un peu plus de 300 € par enfant. Conclusion de Virgile Caillet, délégué général d’Union sport & cycle. « Il va falloir encore plus aller dans le concret, établir une cartographie des initiatives et les consolider pour constituer une force commune. »